La myélodysplasie, qu'est-ce que c'est ?

Qu’est-ce que la myélodysplasie ? Découvrez tout sur cette maladie liée au vieillissement de la moelle osseuse, ses causes, symptômes, et les traitements adaptés. Une prise en charge personnalisée peut offrir une meilleure qualité de vie aux patients concernés.

Retrouvez dans cet article :

  • Les symptômes de la myélodysplasie.
  • Les méthodes de diagnostic et les examens nécessaires.
  • Les traitements disponibles, des transfusions à la greffe de moelle osseuse.
  • Les dernières avancées pour améliorer le pronostic.

Apprenez comment une prise en charge adaptée peut transformer cette pathologie complexe en un défi gérable.

Quels sont les signes, les symptômes et les risques ?

La myélodysplasie, qu'est-ce que c'est ?

La myélodysplasie est un phénomène de vieillissement anormal de la moelle osseuse, l’usine de production des globules blancs, globules rouges et plaquettes. Il s’agit d’un état précancéreux qui peut, dans certains cas, évoluer vers un cancer de la moelle osseuse, appelé leucémie.

Ces maladies touchent principalement les personnes de plus de 60 ans, en raison des altérations progressives liées à l’âge.

Quels sont les symptômes de la myélodysplasie ?

Les symptômes de la myélodysplasie sont liés à une diminution de la production des cellules sanguines par la moelle osseuse, affectée par ce phénomène de vieillissement.

La baisse des globules rouges provoque une anémie, qui est la manifestation la plus fréquente. Elle entraîne :

  • Fatigue importante.
  • Essoufflement, même lors d’efforts modérés.
  • Palpitations cardiaques.
  • Dans les cas graves, une insuffisance cardiaque.

Une baisse des globules blancs affaiblit le système immunitaire, augmentant la vulnérabilité aux infections.

Une baisse des plaquettes peut accroître le risque de saignements, parfois spontanés ou prolongés après des blessures mineures.

Quelle est l'espérance de vie d'un patient porteur d'une myélodysplasie ?

L’espérance de vie d’un patient atteint de myélodysplasie dépend principalement du risque de transformation en leucémie, un cancer de la moelle osseuse.

Pour l’essentiel des patients, porteurs d’une myélodysplasie à faible risque, l’espérance de vie est de plusieurs années, en raison de l’évolution lente de la maladie. Ces patients appartiennent souvent à une population âgée.

Dans les cas où le risque d’évolution vers une leucémie est élevé, l’espérance de vie peut être réduite. Une prise en charge adaptée est alors mise en place pour ralentir l’évolution de la maladie.

Est-ce que la myélodysplasie est un cancer ?

Oui, la myélodysplasie appartient au groupe des maladies cancéreuses. Bien qu’elle ne présente pas toujours de cellules cancéreuses visibles dans la moelle osseuse au moment du diagnostic, elle possède un potentiel significatif de transformation en un cancer, appelé leucémie.

Le risque de transformation en leucémie est déterminé par des analyses biologiques complexes, réalisées dans des laboratoires spécialisés. Ces examens permettent de préciser le pronostic et d’adapter la prise en charge de la maladie.

Comment évolue une myélodysplasie ?

L’évolution de la myélodysplasie dépend du risque, déterminé par des analyses génétiques réalisées sur les cellules de la moelle osseuse.

Environ 30 % des patients appartiennent au groupe à haut risque, avec une probabilité significative de transformation en leucémie aiguë, une maladie grave nécessitant une prise en charge spécifique.

Pour la majorité des patients à bas risque, des traitements sont introduits pour soutenir la production des globules sanguins qui font défaut. Ces traitements peuvent inclure :

  • Des médicaments stimulant la moelle osseuse.
  • Des transfusions sanguines itératives, en cas de diminution d’efficacité des traitements au fil du temps.
La myélodysplasie est-elle transmissible ?

Non, la myélodysplasie n’est pas une maladie transmissible ni contagieuse. Elle résulte d’un vieillissement anormal de la moelle osseuse et n’est pas liée à une infection ou à un facteur transmissible entre individus.

Peut-on guérir d'une myélodysplasie ?

La greffe de moelle osseuse à partir d’un donneur compatible est la seule option curative pour une myélodysplasie. Elle est envisagée principalement chez les patients jeunes présentant une maladie à haut risque de transformation en leucémie aiguë.

Dans les cas où une greffe n’est pas possible, les traitements visent uniquement à atténuer les symptômes et à ralentir l’évolution de la maladie, sans offrir une guérison complète.

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Un patient de plus de 70 ans consulte pour une anémie persistante avec éventuellement d'autres anomalies de la numération du sang


Première consultation en hématologie pour une myélodysplasie

Lors de la première consultation en hématologie, on retrouve classiquement un patient de plus de 70 ans consultant pour une anémie persistante, parfois associée à d’autres anomalies de la numération formule sanguine.

Symptômes associés à la myélodysplasie

Les symptômes de la myélodysplasie sont liés au vieillissement de la moelle osseuse, qui produit moins de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes :

  • Anémie : fatigue, essoufflement, palpitations, insuffisance cardiaque.
  • Baisse des plaquettes : augmentation du risque de saignements, y compris pour des chocs mineurs.
  • Baisse des globules blancs : susceptibilité accrue aux infections bactériennes.

Signes évocateurs : augmentation du VGM

La présence d’une augmentation de la taille des globules rouges (augmentation du VGM) associée à une baisse de l’hémoglobine est très évocatrice du diagnostic chez le sujet âgé.

Recherche systématique des causes associées

Chez les patients âgés, les causes de baisse des globules et des plaquettes peuvent être intriquées. L’hématologue effectue un bilan systématique pour éliminer :

  • Une carence en fer (ferritinémie < 100 ng/ml), fréquente chez les patients sous traitement anticoagulant pour une arythmie cardiaque.
  • Des carences en vitamines B9 et B12, qui peuvent imiter un syndrome myélodysplasique.

Ce bilan est indispensable pour affiner le diagnostic et proposer une prise en charge adaptée.

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L'hématologue va examiner le patient et prescrire les examens appropriés


Diagnostic de la myélodysplasie : étapes et examens clés

Lors de la consultation, l’hématologue effectue un bilan complet pour confirmer ou écarter le diagnostic de myélodysplasie :

Examen clinique et analyse sanguine

  • Vérification de l’absence de ganglions et d’une grosse rate (splénomégalie), qui pourraient indiquer une autre maladie.
  • Analyse de la prise de sang pour éliminer une carence en fer ou en vitamines B9 et B12, ainsi que d’autres maladies du sang.

Le myélogramme : un examen essentiel

Le diagnostic de certitude repose sur un myélogramme, une ponction de la moelle osseuse permettant d’analyser les cellules au microscope. Cet examen révèle :

  • Des anomalies évocatrices du vieillissement de la moelle osseuse.
  • Le pourcentage de cellules cancéreuses (blastes), crucial pour évaluer le risque lié à la maladie.

Analyses génétiques pour évaluer le risque

  • Un caryotype pour détecter des réarrangements chromosomiques associés à un pronostic favorable ou défavorable.
  • Des techniques avancées comme le séquençage haut débit (NGS), qui améliorent l’évaluation du risque et permettent, dans certains cas, de proposer des traitements ciblés en médecine personnalisée.

Traitement immédiat en cas d’anémie profonde

Dans certaines situations, en particulier si l’anémie est trop profonde, l’hématologue peut débuter un traitement immédiat sans attendre les résultats des examens. Ce traitement inclut souvent :

  • Des injections d’EPO (érythropoïétine) pour stimuler la production de globules rouges.
  • Des transfusions sanguines pour corriger rapidement l’anémie et améliorer la qualité de vie.

Prise en charge adaptée selon l’âge et l’état général

Chez les patients de 90 ans et plus, ou en cas d’état général dégradé, les hématologues peuvent choisir de ne pas réaliser d’examen invasif. Dans ces situations, un traitement direct est souvent proposé, incluant une correction de l’anémie pour améliorer la qualité de vie.

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Le patient est revu quelques jours plus tard pour rendu des examens et propositions de traitements


Quels sont les traitements proposés pour la myélodysplasie ?

Les traitements proposés pour la myélodysplasie dépendent des résultats des examens prescrits et de deux objectifs principaux :

1. Réduction du risque de transformation en leucémie aiguë

Le risque de transformation en leucémie aiguë, une maladie de mauvais pronostic, guide une partie importante de la stratégie de traitement :

  • Pour un patient à haut risque ou déjà en cours de transformation, un traitement intensif nécessitant des passages réguliers en hôpital de jour est mis en place.
  • Pour un patient à faible risque, un traitement initialement ambulatoire, réalisé à domicile, est privilégié.

2. Compensation des déficits de production sanguine

L’objectif des traitements est de suppléer à la production déficiente de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes. Parmi les approches les plus fréquentes :

  • Recours à des transfusions sanguines, particulièrement au début de la prise en charge, pour corriger rapidement les déficits (notamment l’anémie).
  • Utilisation de médicaments stimulant la production de cellules sanguines.

Prise en compte de l’état général du patient

Les patients atteints de myélodysplasie appartiennent souvent à une population âgée, voire très âgée. L’hématologue, en concertation avec le médecin traitant, adapte la stratégie thérapeutique en fonction de l’état général du patient, afin de maximiser les bénéfices et de minimiser les risques.

Les traitements des syndromes myélodysplasiques

Quels sont les traitements du syndrome myélodysplasique ?

Les traitements des syndromes myélodysplasiques dépendent du risque de transformation en leucémie aiguë et des caractéristiques spécifiques de la maladie. Voici un aperçu des options thérapeutiques disponibles :

1. Patients à haut risque de transformation

Pour les patients à haut risque de transformation vers une leucémie aiguë, ou déjà en cours de transformation, des traitements intensifs sont nécessaires :

  • Un traitement injectable par azacitidine, administré en hôpital de jour, est souvent proposé. Ce médicament est injecté quotidiennement pendant 7 jours consécutifs chaque mois.
  • Le vénétoclax, un comprimé efficace chez les patients âgés, peut être associé à l’azacitidine pour renforcer le traitement.
  • Greffe de moelle osseuse : Pour les patients plus jeunes atteints d’une myélodysplasie à haut risque, la greffe de moelle osseuse est souvent envisagée comme une option curative. Elle consiste à remplacer la moelle osseuse malade par une moelle saine provenant d’un donneur compatible. Avant la greffe, une chimiothérapie ou une radiothérapie intensive est réalisée pour éliminer les cellules malades.

Bien que la greffe offre une chance de guérison complète, elle comporte des risques. Elle est donc réservée aux patients en excellent état général.

2. Patients à risque standard : traitement personnalisé

  • Érythropoïétine (EPO) :

    L’érythropoïétine, ou EPO, est un facteur de croissance essentiel qui stimule la moelle osseuse pour produire davantage de globules rouges. Elle est fréquemment prescrite chez les patients atteints de myélodysplasie, en particulier ceux souffrant d’anémie chronique ayant un impact négatif sur leur qualité de vie.

    Ce traitement est administré par injection sous-cutanée une à deux fois par semaine, généralement à domicile par une infirmière. L’efficacité de l’EPO dépend de certains paramètres biologiques, notamment :

    • Un taux d’érythropoïétine naturel bas (<500 UI/L), qui prédit une meilleure réponse au traitement.
    • L’absence de carence en fer, qui doit être corrigée avant ou pendant le traitement.

    Chez les patients répondant bien à l’EPO, on observe souvent une réduction ou un arrêt des transfusions sanguines, limitant ainsi les complications liées à la surcharge en fer. Cependant, l’efficacité de l’EPO peut diminuer avec le temps, nécessitant un ajustement du traitement ou l’introduction de médicaments complémentaires.

  • Pour certaines formes spécifiques :
    • Syndrome 5q- : traité par lénalidomide (comprimés), permettant souvent de normaliser la numération sanguine.
    • Anémies sidéroblastiques :

      Ces formes particulières de myélodysplasie, qui répondent peu ou temporairement à l’EPO, bénéficient souvent du luspatercept. Ce médicament innovant est un agent de maturation des érythrocytes, administré par injection sous-cutanée toutes les trois semaines à domicile.

      Le luspatercept agit en stimulant la production de globules rouges fonctionnels dans la moelle osseuse, ce qui réduit, voire élimine, le besoin de transfusions sanguines. Il améliore ainsi la qualité de vie des patients en diminuant la fatigue liée aux anémies chroniques et en limitant les effets secondaires des transfusions, comme la surcharge en fer.

3. Autres traitements spécifiques

  • Médicaments androgènes : efficaces pour réduire la baisse des plaquettes, mais nécessitent une vérification préalable de l’absence de cancer de la prostate.
  • Facteurs de croissance des plaquettes : utilisés en cas de thrombopénie sévère pour limiter les risques de saignement.

4. Approche globale et sur mesure

Chaque traitement est personnalisé pour maximiser le confort de vie des patients, souvent âgés, tout en préservant leur autonomie. Plusieurs médicaments et transfusions peuvent être combinés en fonction des besoins spécifiques.

5. Cas complexes

Dans certaines situations, aucun traitement efficace n’est disponible, et une évolution défavorable des syndromes myélodysplasiques peut survenir, menaçant la vie du patient.